Potosi

Jeudi 28 novembre,

Ville coloniale un peu défraîchie, Potosi est surtout qualifiée de ville de la honte pour l'Europe qui y a pillé la Bolivie de ses richesses minières au prix de millions de morts. De l’argent pur, découvert en 1545. Un trésor (plus de 30 000 tonnes) confisqué par l’Espagne et dilapidé en Europe. Pour l'extraire? Des millions d’Indiens et aussi des esclaves déportés d’Afrique sont soumis au travail forcé dans des conditions atroces.

On dit que la quantité d'argent extraite des mines de Potosi suffirait à construire un pont au-dessus de l’Atlantique pour relier Potosì à l’Espagne, mais les ossements de mineurs morts dans des accidents y suffiraient également. Des estimations récentes parlent de 7 à 8 millions de morts parmi les mineurs durant la période coloniale (de 1545 à 1825, date de l’indépendance de la Bolivie).

Dans le même temps, les Espagnols développent à grande échelle la culture de la coca pour booster les mineurs.

Au 17e siècle, Potosi atteint 200 000 habitants et devient la plus grande ville d’Amérique (au même titre que Mexico ou encore que Paris pour l'Europe).

 

Après plus de quatre siècles, l’argent du Cerro Rico (montagne riche) qui domine fièrement la ville, se fait plus rare et on extrait davantage de zinc et d’étain.

Extractions jugées non rentables, l’Etat bolivien décide en 1985 d’arrêter l'exploitation à Potosi. S’ensuivent des grèves et d’importants mouvements de manifestations de la part des mineurs condamnés au chômage.

Les événements se soldent par la création de dizaines de coopératives qui continuent à faire travailler environ 5 000 mineurs.

 

C’est Julio qui nous raconte tout ça!

Julio est un ancien mineur. Il a 50 ans et il a travaillé plus de 10 ans dans la montagne.

Aujourd’hui, il est devenu guide et il nous emmène, Danie (une globtrotteuse allemande) et nous, pour un ptit tour dans la mine.

 

Avec la dégaine d’Etienne Lantier qui redescend au fond après la grève, on entre dans la concession de la coopérative 27.

Julio nous dit que cinq cents mineurs travaillent ici quotidiennement. Nous n'en croiserons qu'une vingtaine.

 

Tête baissée, on entre dans la galerie Négra.

On avance vite, pour ne pas gêner le passage des chariots chargés de minerais : un qui tire, deux qui poussent. Plus ils en sortent, plus ils gagnent. Le salaire moyen : 120 bolivianos par jour soit 13 euros pour souvent 8 à 10 heures de travail.

 

On bifurque vers l’ouest... enfin ça c’est Julio qui nous le dit.

 

Un mineur est assis, un autre manie la pelle tandis qu’un troisième regarde le fond du trou. On s'avance pour jeter un œil. Un puit d’une bonne vingtaine de mètres. Au fond, un marteau-piqueur. Une nouvelle galerie est en train d’être creusée. De là, c’est à dos d’hommes que les sacs de minerais sont remontés. Un vrai travail de forçat.

On reprend notre progression sous la montagne.

Du fond d’une veine, un mineur vient à notre rencontre. Il nous demande de nous arrêter.

A 200m de là, il a posé deux bâtons de dynamite. Une détonation, puis la deuxième. La poussière dégagée rend la respiration plus difficile. On rebrousse chemin, tête baissée.

 

 

Une offrande au terrible Tio, dieu des profondeurs et des mineurs.

 

Puis on tombe sur une équipe de 5-6 mineurs faisant une pause. Julio les connait bien, ce qui nous permet de nous asseoir un moment pour bavarder au milieu d’eux.

 

Sous la poussière mélangée à la sueur, la joue arrondie par la boule de cocas, leur mine est fatiguée mais l’air rieur. Ils ont tous entre 20 et 25 ans, déjà mariés, déjà parents … ce qui nous étonne toujours. On nous questionne en retour sur notre vie. Nos réponses les surprennent plus encore et ils n’hésitent pas à en plaisanter.

L'heure de la pause...
avec les mineurs...
Dannie et ...
Julio.

On leur a apporté à boire et surtout, des feuilles de coca. Pour leur donner un peu d’énergie dans la mine, ils en mâchent à longueur de journée et on peut en acheter dans de nombreuses échoppes près de la mine. Légal ? Of course ! Ce n’est pas de la cocaïne et ces magasins ont une licence délivrée par l’Etat.

Julio est bavard sur le sujet. Il y a tant de fermes de coca en Bolivie et les surfaces cultivées ont explosé depuis l’accession d'Evo Morales à la Présidence de la République en 2006. Défiant la politique d’éradication de la culture de coca menée par les Etats-Unis en Amérique du Sud dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, Morales dénonce l’impérialisme de Washington et se place en défenseur des cocaleros au nom d’une tradition millénaire : non la production de cocaïne mais la mastication de la feuille de coca.

Promotion du trafic de drogue ? Si Morales entend lutter contre, la Bolivie est pour l'instant le 3e producteur mondial de cocaïne derrière la Colombie et le Pérou.

Dimanche 1er décembre,

 

Réveil au son de la fanfare. Une procession arpente les rues de la ville. Rien à voir avec ce que l’on a vu à Puno au Pérou. Pas de danses et de frou-frou ici mais des mines plutôt tristes. L’air du Potosi ? Secheresse, manque d’oxygène (on est à 4070m), poussières de minerais (on en retrouve dans le sang des habitants) et ....

 

La Casa de la Moneda, où l'on frappait la monnaie d'argent à Potosi.

 

 

Ça fait quelques jours que nous sommes à Potosi et bizarrement, la bougeotte nous reprend.

Pas du rejet mais plutôt de l’impatience.

 

A 4h de bus de là, il y a un truc incroyable : la mer ! Enfin, la mer de sel ou plutôt le désert. Le Salar d’Uyuni, une des cartes postales les plus célèbres de Bolivie ; ça a l’air tellement dingue ! Allez, on bouge ?

Commentaires

22.02 | 17:15

Merci Lélia !!

22.02 | 13:12

bonjour madame je suis dans la classe des 6 ème 2 du collège jaques marquette.
j'espère que vous allez bien votre blog est trooooooooooooooop bien

15.02 | 21:58

Merci Nicolas ! Et bonnes vacances!

15.02 | 19:57

Bonjour madame, j'espère que vous allez bien... Je suis Nicolas de 6eme2 du collège Marquette. Je trouve votre blog vraiment sympa, avec des monuments fantastiques