Jusqu'au Nicaragua!

Mardi 24 septembre,

On arrive dans la nuit au Salvador. Le douanier qui grimpe dans le bus au passage de la frontière se contente de vérifier les passeports. Inutile de contrôler nos sacs, nous sommes en transit rapide. Changement de bus à El Salvador, la capitale également « muy peligroso ». Autour de nous, le Salvador …ou les Etats-Unis ? Nous sommes cernés par les enseignes de fast-food américains!

Le jour se lève sur les villages aux maisons colorées qui bordent notre route. Pas bien large, on peine à la voir du haut de notre siège. Un soleil intense rayonne sur les cultures de maïs, de canne à sucre et les prairies bien vertes. La forêt tropicale court et court sur des dizaines de kilomètres jusqu’aux sommets de douces montagnes. Les bananiers sont partout. On a l’impression de rejoindre le sud à travers champs !

 

On quitte le Salvador pour le Honduras en milieu de matinée. Les formalités ? La compagnie de bus s’en occupe. L’hôtesse a ramassé les passeports de tous les passagers, elle nous les rendra quelques heures plus tard à l’entrée du Nicaragua…. Oh ! On ne voulait pas prendre la fuite ! En effet, comme pour le Salvador, on a décidé de faire l’impasse sur le Honduras. Faute de temps, nous devons faire des choix. Par prudence aussi ? Après avoir lu les commentaires alarmistes du Ministère des Affaires étrangères sur l’insécurité ambiante, on choisit de passer notre chemin pour aller voir un peu plus loin.

Le Nicaragua

Il est 14h (nous sommes partis hier soir à 23h d’Antigua au Guatemala) quand nous entrons au Nicaragua. Contrôle rapide des bagages cette fois. Rien à signaler. A l’une des nombreuses marchandes ambulantes, on achète un sandwich de riz aux œufs roulés dans une feuille de maïs. Puis re-bus, pour quelques heures encore. Toujours les montagnes de la cordillère centrale mais plus douces ; des forêts, des prairies et des champs … bien verts. Là aussi les rivières se transforment en torrents après les pluies d’orage.

Alors, unité ou diversité de l’Amérique centrale ? On vous épargne la dissertation mais on ne peut s’empêcher de dresser notre premier bilan. Pour l’instant, les points communs, tout en comportant des nuances, sont évidents. L’histoire et la géographie l’expliquent ! Ben oui, quand on dit que ça sert à quelque chose !

Les paysages naturels (la Cordillère centrale peuplée de volcans, le climat tropical, une végétation luxuriante…), l’économie (importance de la culture des fruits tropicaux, primauté des Etats-Unis dans les échanges commerciaux), la culture (le terreau indien qui subsiste en particulier dans les villages reculés et les montagnes, la colonisation espagnole très visible dans les villes, …), l’histoire politique ….

Après la période coloniale espagnole qui prend fin en 1821, le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica ont formé jusqu’en 1837 la République Fédérale d’Amérique Centrale.. Dès la fin du XIXe s., la montée en puissance de l’Oncle Sam multiplie les intérêts états-uniens dans la région. En 1899, l’Américain Minor C. Keith fonde l’United Fruit Company (aujourd’hui la Chiquita Brands International). Elle monopolise bientôt la production et la commercialisation de la banane et des fruits tropicaux en Amérique centrale. La région devient le pré-carré des Etats-Unis: Washington intervient régulièrement pour soutenir les dictateurs qui protègent ses intérêts (les Somoza au Nicaragua, Armas et Rios Montt au Guatemala …) et, dans le contexte de la guerre froide, armer la répression des opposants marxistes qui réclament droits politiques et justice sociale (ex : soutien des Contras contre les Sandinistes au Nicaragua).

Les guerres civiles qui ont agité ces « républiques bananières » jusqu’à une période très récente ont laissé leur empreinte par des dizaines de milliers de morts, le développement des trafics (armes et narcotrafic), de la corruption et une grande violence (enlèvements, meurtres) qui subsiste encore aujourd’hui dans certaines villes (comme les capitales) et certaines régions.  Et ceci explique cela : les nombreux policiers et agents de sécurité armés (parfois jusqu’aux dents) dans les rues des villes que nous traversons mais aussi dans les restos, les cafés et les boutiques (on avait déjà vu cela dans certaines parties du Mexique) ; les grilles qui protègent systématiquement les portes et fenêtres des maisons et souvent même, les fils barbelés qui surmontent les clôtures des jardins.

On referme le bouquin. Destination finale atteinte: Managua, la capitale du Nicaragua. Enfin !

Il est plus de 18h et il fait déjà nuit. Le quartier de la gare routière n’est pas très funky. Quelques hospedajes (petits hôtels) et échoppes fermées. Rien d’autre. Pour une poignée de dollars, on passe la nuit à l’hôtel Marguarita. La chambre, spartiate, est à l’étage et on partage la cuisine familiale au rez-de-chaussée. « Euh… hablo espanol un poquito ! »

Jeudi 26,

Après une bonne nuit de récupération, on ne s’attarde pas. Nous partons à pied pour la gare routière, celle des bus locaux pour Granada. Il fait une chaleur de dingue, au moins 35°. Avec nos sacs trop lourds sur le dos, on nous « zyeute » un peu trop peut-être. Coiffés de notre chapeau ou casquette et les lunettes de soleil sur le nez, on a tout l’air de « gringos », les Américains, dont on aime se moquer ici. Un passant nous met en garde « esta peligroso aqui»… ok ! On finit le trajet en taco.

Bus à moins d’1 euro le trajet, on roule une heure jusqu’à Granada, au bord du lac Nicaragua.

Granada

Son patrimoine et sa situation, sur les rives du lac, en font l’une des villes les plus visitées du pays… pourtant les touristes ne sont pas très nombreux.

Dans toute l’Amérique centrale, c’est la basse saison car saison des pluies, d’avril-mai à octobre-novembre.

 

Après les averses essuyées au Guatemala quasi chaque jour dès le milieu de l’après-midi, notre séjour au Nicaragua est dominé par un soleil et une chaleur intenses.

On passe deux jours à flâner dans les rues de la mignonne Granada…une ville coloniale, encore et toujours !

 

On loge dans un petit hôtel animé par des locaux mais propriété d’un Américain, comme beaucoup d’hôtels, restos et bars ici. La petite piscine est un vrai bonheur !

Samedi,

On met déjà les voiles. Chicken-bus jusque Rivas, taxi pour l’embarcadère de San Jorge et on prend le ferry pour l’Ile d’Omotepe, à ¾ d’heure de là, au milieu du lac Nicaragua. Depuis le pont, la vue sur l’île, formée de deux volcans reliés par un isthme, est vraiment magnifique !

 

La Isla de Omotepe

 

On s’amarre à Moyogalpa, gros bourg plein d’auberges, restos et agences de tourisme. Son côté pratique en fait notre port d’attache ce week-end.

Sunday morning….

 

Après un bon ptit déj typico (haricots rouges-riz, œufs sur le plat, tortillas au fromage frais et café), on loue un scooter et on part à l’aventure…de village en village, de plage en plage, d’un volcan à l’autre.

Le long de la route, les plantations de bananiers n’en finissent pas. Les vaches et chevaux en liberté assurent l’entretien des bas-côtés. Dans chaque village, les familles assistent au match de baseball dominical.

La déserte Playa Santa Domingo puis la populaire Punta Jesus Maria. Les locaux sont venus pique-niquer, se baigner ou jouer au baseball sur les plages de sable noir. L’eau du lac est si chaude qu’elle ne nous rafraîchit pas. Un jus de fruit exotique bien frais fera l’affaire !

Playa Santo Domingo et volcan Maderas (1394m)
Des bananes, des bananes...
Volcan Conception (1610m)
Punta Jesus Maria

 

Au soleil couchant, on enfourche le scooter. On emprunte le petit sentier au milieu des arbres qui nous ramènera au village. Un guardabarranco, l’oiseau national à la queue toute bleue nous passe sous le nez (ça ressemble à ça...il a été plus rapide que notre reflex!) tandis que vrombit une … une tronçonneuse ? Réflexe ? ..d’accélérer! ..puis de regarder derrière soi : l’arbre est tombé en travers du chemin ! « Hey ! No estamos gringos ! » Allons, ne soyons pas paranos…

Le 1er octobre

 

Et c’est déjà lundi ! Pendant que certains repartent au boulot…on reprend la route du sud. En bateau cette fois. Il faut une dizaine d’heures au ferry, à l'arrière chargé de bananes, pour traverser le lac Nicaragua jusqu’à San Carlos, à la frontière costaricaine.

 

Un ptit café avec Laura et Sébastien, un couple de Nantais en voyage pour 10 mois à travers l’Amérique latine et il est l’heure d’aller patienter au service des migrations. Notre passeport tamponné, on monte dans une grande barque avec une vingtaine d’autres passagers… Ils sont Nicaraguayens pour la plupart. Des travailleurs manuels et leurs familles, souvent anciens réfugiés du régime sandiniste. Ils représentent aujourd'hui 10% de la population du Costa Rica.

Destination: le Costa Rica, à 1h de navigation de là..sur le Rio Frio.

San Carlos, embouchure du Rio Frio, lac Nicaragua.

Commentaires

22.02 | 17:15

Merci Lélia !!

22.02 | 13:12

bonjour madame je suis dans la classe des 6 ème 2 du collège jaques marquette.
j'espère que vous allez bien votre blog est trooooooooooooooop bien

15.02 | 21:58

Merci Nicolas ! Et bonnes vacances!

15.02 | 19:57

Bonjour madame, j'espère que vous allez bien... Je suis Nicolas de 6eme2 du collège Marquette. Je trouve votre blog vraiment sympa, avec des monuments fantastiques